TikTok dans la tempête
De l'hypocrisie des géants du net
Publié le 2 décembre 2021

Il faut protéger les enfants américains de toute forme d’exploitation. Pas en tant qu’humains en construction, mais en tant que « consommateurs » de logiciels et applications conçus pour les rendre accros, et non pour leur apprendre quoi que ce soit.

Légèrement cynique, ce constat ? Et pourtant, les dirigeants de TikTok et Snapchat ont comparu à Washington devant un « panel sénatorial de protection du consommateur », et se sont vus questionnés par les sénateurs. Questions qu’ils étaient entièrement libres de réfuter ou discuter.

Une commission de protection du consommateur. Pas de protection de l’enfance. La sénatrice Amy Klobuchar s’est enquérie malgré tout : « l’algorithme de TikTok peut-il encourager les jeunes utilisateurs à promouvoir des comportements de troubles alimentaire, de prise de drogue, de violence. »

La réponse ? Selon Michael Beckerman, vice-président et responsable de la politique publique US de TikTok, Amy Kobuchar fait référence à unarticle du Wall Street Journal qui ne représente en rien « l’expérience authentique » vécue par un utilisateur.

Les déclarations de bonnes intentions sonnent creux. Les jeunes utilisateurs sont les consommateurs de demain, comme le sait bien tout responsable marketing qui se respecte. Capter leur attention, c’est le graal. 

L’omnipotence de l’intelligence artificielle ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui, les technologies les plus puissantes et la pointe de la recherche et développement se concentrent plus que jamais sur les moyens de nous rendre dépendants. Et oui, les dirigeants s’en défendent, affirment qu’ils essayent de s’améliorer. Mais…tels la mère d’Hamlet, ils protestent un peu trop pour que l’on y croie.

Chez Facebook, on sait très bien que les produits développés sont néfastes pour les enfants. La société de Mark Zuckerberg fait face elle aussi à des accusations de la Commission Fédérale du Commerce autour de ses études établissant clairement qu’Instagram favorise l’émergence de troubles alimentaires chez les jeunes. La lanceuse d’alerte, Sophie Zhang, a déclaré que Facebook faisait preuve de négligence en ce qui concernait les abus et problèmes générés par ses réseaux sociaux, et que la compagnie « attendait que les choses dégénèrent avant de prendre des mesures ».

Ce n’est pas la première fois que Mark Zuckerberg est convoqué au Congrès. De nombreuses fois, il a dû s’expliquer sur des questions liées à la vie privée, aux services financiers, et de multiples autres détails relevant d’abus présumés des consommateurs, des enfants et de la société en général. Il s’apprête donc à repasser à la barre.

Quand nous préoccuperons-nous enfin de ces effets destructeurs, démoniaques, cessant de les considérer comme de simples manœuvres commerciales malhonnêtes ? Ces outils détruisent l'équilibre mental d'une génération d'enfants. Et puis, c’est bien connu, on peut considérer que les consommateurs sont eux-mêmes le produit, exposés à toute l'exploitation et l'érosion de la personnalité qu'Internet peut engendrer.

Aux Etats-Unis, en Irlande, on trouve des offres d’emplois pour Alphabet, ByteDance et Facebook. Ces sociétés dérivées, elles, démontrent combine elles sont responsables. Ainsi TikTik, qui cherche un « Responsable du tri des demande urgences », supposé assuré la sécurité sur le réseau. Qu’implique donc cet emploi ?

"Être conscient et prêt à s’intégrer dans un environnement de travail qui concerne un contenu sensible, notamment l'exploitation des enfants, la violence graphique, l'automutilation et le suicide, et tout autre contenu qui peut être considéré comme offensant ou perturbant."

Ils protestent trop. Quand remplacerons-nous nos “appels à une meilleure régulation par un rejet véhément de ce qui ne fonctionne pas ? Il est évidemment que les GAFA ne fourniront pas les réponses par eux-mêmes.

Le trimestre dernier, Alphabet, société mère de Google, a enregistré ses plus hauts profits et réalisé sa plus haute croissance des 10 dernières années. Le fondateur de 38 ans de ByteDance, société mère TikTok, est désormais l’homme le plus riche de Chine. On a là de bien mauvaises mères.

Et il est temps de leur retirer la responsabilité d’éduquer nos enfants.




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